Chine: La Diplomatie Seule Solution au Dossier Nucléaire Iranien
Pékin rejette les sanctions et pressions après l'échec d'une résolution sino-russe à l'ONU, accusant Washington de provoquer la crise par son retrait unilatéral du Plan d'action global conjoint.

La Chine a fermement réaffirmé mardi sa position sur le dossier nucléaire iranien, plaidant exclusivement pour une approche diplomatique et rejetant catégoriquement toute solution basée sur la coercition. Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions accrues au Conseil de sécurité des Nations Unies, où un projet de résolution sino-russe vient d'être rejeté.
La Chine défend la voie diplomatique
Par la voix de Guo Jiakun, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Pékin a clairement exprimé sa conviction que "la seule voie viable pour résoudre la question nucléaire iranienne demeure une solution politique et diplomatique". Cette position s'accompagne d'un rejet sans équivoque "du recours à la menace de la force, aux sanctions et aux pressions", des méthodes que la Chine considère comme contreproductives dans ce dossier sensible.
Cette prise de position intervient à un moment critique des négociations internationales sur le programme nucléaire iranien. Le projet de résolution sino-russe, qui visait à prolonger techniquement la résolution 2231 du Conseil de sécurité, a été rejeté, fermant ainsi une voie que Pékin jugeait prometteuse pour maintenir le dialogue.
"L'objectif de notre résolution était de créer l'espace nécessaire aux négociations," a précisé M. Guo, soulignant l'approche constructive que la Chine estime avoir adoptée dans ce dossier complexe.
Washington pointé comme responsable de la crise
Dans sa déclaration, le porte-parole chinois n'a pas hésité à identifier ce que Pékin considère comme la source fondamentale de la crise actuelle : "le retrait unilatéral des États-Unis du Plan d'action global conjoint" (JCPOA). Cette décision américaine, prise sous l'administration Trump en 2018, continue selon la Chine de produire des effets déstabilisateurs sur le dossier nucléaire iranien.
La critique chinoise s'étend également au mécanisme de "snapback" (rétablissement automatique des sanctions), que Pékin qualifie de "non constructif" et qui "inverse le processus de règlement". Ce mécanisme, prévu dans l'accord de 2015, permet le rétablissement rapide de toutes les sanctions internationales contre l'Iran en cas de violation significative de ses engagements.
Le tableau ci-dessous résume les positions des principaux acteurs dans le dossier nucléaire iranien :
Cette divergence fondamentale d'approche entre les grandes puissances explique en grande partie l'impasse actuelle dans laquelle se trouve le dossier nucléaire iranien.
Un appel à la "sincérité politique"
Face à cette situation, la Chine a lancé un appel direct à Washington et aux pays européens, les exhortant à "faire preuve de sincérité politique et à redoubler d'efforts pour ramener le dossier sur la voie du règlement politique". Cette formulation diplomatique masque à peine la frustration de Pékin face à ce qu'elle perçoit comme un manque de volonté politique occidentale pour résoudre la crise.
"La Chine s'engage à maintenir une position objective et juste et à jouer un rôle constructif" dans ce dossier, a affirmé le porte-parole, soulignant la volonté de Pékin de se positionner comme un médiateur crédible dans cette crise internationale.
Cette posture s'inscrit dans la stratégie diplomatique plus large de la Chine, qui cherche à renforcer son influence au Moyen-Orient tout en se présentant comme une puissance responsable sur la scène internationale, capable de proposer des alternatives aux approches occidentales.
Les enjeux d'un dossier complexe
Le dossier nucléaire iranien reste l'un des plus épineux de la diplomatie internationale. L'accord de 2015 (JCPOA), fruit de longues négociations entre l'Iran et les grandes puissances (États-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Russie et Chine), visait à encadrer strictement le programme nucléaire iranien en échange d'une levée progressive des sanctions économiques.
Le retrait américain en 2018 a profondément déstabilisé cet équilibre, poussant l'Iran à s'affranchir progressivement de ses engagements en matière d'enrichissement d'uranium. Depuis, malgré plusieurs tentatives de relance des négociations, le dossier reste dans l'impasse.
La position chinoise s'explique également par les liens économiques et stratégiques que Pékin a développés avec Téhéran ces dernières années. La Chine est devenue l'un des principaux partenaires commerciaux de l'Iran, notamment dans le secteur énergétique, et les deux pays ont signé en 2021 un accord de coopération stratégique sur 25 ans.
Perspectives et implications régionales
L'échec de la résolution sino-russe au Conseil de sécurité marque un nouveau revers pour les efforts diplomatiques visant à résoudre la crise nucléaire iranienne. Cette situation accroît le risque d'une escalade des tensions dans une région déjà instable. "La position chinoise reflète une préoccupation légitime quant aux conséquences potentiellement déstabilisatrices d'une approche purement coercitive," analyse un expert en relations internationales. "Cependant, elle ne répond pas entièrement aux inquiétudes concernant les avancées du programme nucléaire iranien."
Dans ce contexte tendu, la capacité des différentes parties à trouver un terrain d'entente semble de plus en plus compromis. La Chine, en maintenant sa position de principe favorable à une solution négociée, tente de se positionner comme une alternative crédible à l'approche occidentale, tout en défendant ses intérêts stratégiques dans la région.
L'évolution de ce dossier dans les prochains mois sera déterminante non seulement pour la question nucléaire iranienne elle-même, mais aussi pour l'équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient et pour la crédibilité du système multilatéral incarné par les Nations Unies.