Élection 2025 : L'ambition industrielle de Cabral Libii à la loupe du cabinet Global Intelligence

À l’approche de la 12e élection présidentielle, le cabinet Global Intelligence se penche sur les programmes économiques des douze candidats. Pour cette première analyse, c’est le projet du président du PCRN, Cabral Libii, qui est passé au crible. Un programme audacieux misant sur l'industrialisation, la diaspora et une souveraineté économique, mais dont la faisabilité soulève de nombreuses questions.

À 45 ans, Cabral Libii, figure politique et député, renouvelle l'expérience présidentielle avec un programme économique résolument orienté vers l'initiative privée. Son credo : faire du Cameroun l’« usine de l’Afrique ». Pour cela, son plan repose sur un État facilitateur, une fiscalité incitative pour les PME et les startups, et une réorientation de la commande publique vers les entreprises nationales compétitives.

Le Plan d’Industrialisation National du PCRN cible des filières stratégiques telles que l'agro-industrie, le textile, les matériaux de construction, la pétrochimie et la production pharmaceutique. L’objectif est clair : créer des pôles de transformation enracinés dans le territoire, mais connectés aux marchés mondiaux.

La diaspora, un pilier stratégique

Une des propositions phares du programme est de positionner la diaspora comme un véritable moteur de développement. Le projet prévoit l'octroi d'un statut d'investisseur privilégié, des incitations fiscales pour le rapatriement des capitaux, et la création d'un Fonds d'investissement de la Diaspora. Le PCRN envisage même de simplifier les procédures de double nationalité et de nommer des ambassadeurs itinérants issus de la diaspora, reconnaissant ainsi son rôle crucial dans le progrès économique et le rayonnement du pays.

L'ambition face à la réalité

Si l'ambition du programme est louable, l’analyse du cabinet Global Intelligence met en lumière des points d'achoppement majeurs. Le programme, bien que pertinent dans ses priorités sectorielles, reste largement déclaratif. Le coût global n'est pas chiffré, bien qu'il soit estimé à 8000 milliards de FCFA par an. Ce flou budgétaire soulève des doutes quant à sa faisabilité financière.

Le cabinet pointe également un risque de sur-protectionnisme paradoxal. L’allègement fiscal et les aides aux entreprises locales pourraient, si elles sont mal encadrées, les rendre dépendantes du soutien de l’État au lieu de les encourager à être plus compétitives. De plus, la multiplication des exonérations fiscales pourrait mettre l'État en danger d'endettement si les recettes publiques ne suivent pas.

En conclusion, le programme économique de Cabral Libii est un projet audacieux et pertinent, avec une vision claire de la souveraineté économique et de la valorisation du "Made in Cameroon". Cependant, sa mise en œuvre nécessiterait un plan financier détaillé, un cadre budgétaire crédible, et un agenda de réformes institutionnelles précises pour éviter que l'ambition ne se heurte à la réalité économique et institutionnelle.