CAN tous les 4 ans : fréquence ou valeur ?
Longtemps, la question d’une Coupe d’Afrique des Nations organisée tous les quatre ans a été agité comme le monstre du " Loch Ness".
Plus besoin de se faire peur, la décision a été prise, et elle suscite des réactions passionnées, souvent émotionnelles et qurlques fois stratégique. Cette décision mérite une analyse posée, stratégique et décomplexée, à la hauteur des enjeux sportifs, économiques et diplomatiques du continent.
Depuis des décennies, la CAN organisée tous les deux ans a joué un rôle fondamental : elle a permis de structurer le football africain, de révéler des talents, de renforcer l’identité sportive du continent et d’affirmer son autonomie face aux calendriers européens. À ce titre, elle demeure un symbole fort de souveraineté et de fierté africaine.
Mais, des années 60 à nos jours, le football africain a changé de dimension. Les sélections africaines sont aujourd’hui au cœur de l’économie mondiale du football. Les joueurs évoluent dans les plus grands clubs(le Nigeria et le Ghana font partie du top 10 mondial des pays exportaurs de talents footballistiques, le Sénégal et la Côte d'Ivoire sont 17éme et 18ème de ce classement anneul du Centre Internationald'étudeduSportde Lausanne) les audiences sont internationales, les sponsors et diffuseurs raisonnent désormais en termes de retour sur investissement, de rareté et de qualité du produit.
Or, une CAN trop fréquente finit par diluer sa valeur. Elle fatigue les joueurs, fragilise les relations avec les clubs et employeurs lors de leur libération, complique la préparation sportive et réduit l’impact marketing de la compétition.
À l’inverse, une CAN organisée tous les quatre ans pourrait devenir un événement premium, mieux préparé, plus spectaculaire, mieux vendu et plus rentable. La rareté crée la valeur, y compris dans le sport.
Sur le plan économique, un cycle de quatre ans offrirait aux États hôtes le temps nécessaire pour planifier, investir utilement et livrer des infrastructures durables, sans pression excessive ni surcoûts de dernière minute. Pour les sponsors et les diffuseurs, cela permettrait de bâtir des partenariats longs, cohérents et structurants.
Et il faut préciser que si la CAN en passant de 12 a 24 participants est devenue moins selecte, par contre pour son organisation à 24 pays, elle est devenue selecte.
De la CAN camreounaise à celle du trio des pays de l'Afrique orientale, 4 des 6 pays font partie du top 10 de l'économie africaine. Et ce top 10 représente 70% du PIB de l'Afrique. À 24 pays, nous avons probablement 12 à 15 pays capables d'accueillir une CAN.
Si pour la CAF, une CAN tous les 4 ans serait l’opportunité de repositionner la CAN comme un produit mondialement attractif, sur le plan diplomatique, une CAN mieux espacée peut devenir un puissant outil de soft power, intégré à une stratégie globale de nation branding, de promotion touristique et d’influence continentale. Un grand événement bien maîtrisé vaut souvent plus qu’une répétition précipitée.
Cependant, une CAN tous les quatre ans ne peut être envisagée sans garde-fous. Elle ne doit ni affaiblir les fédérations, ni réduire les opportunités pour les joueurs locaux, ni marginaliser les championnats nationaux. Elle suppose un renforcement réel des compétitions intermédiaires – CHAN, compétitions de jeunes, ligues régionales, ligue africaine des nations– et une redistribution plus équitable des revenus au profit du développement du football africain à la base.
La vraie question n’est donc pas de choisir entre deux ans ou quatre ans. Elle est de savoir quel modèle de développement l’Afrique veut pour son football : une CAN de fréquence ou une CAN de valeur.
Dès lors, la question n’est pas seulement de savoir si la CAN doit rester biennale ou devenir quadriennale, mais comment y parvenir intelligemment, sans fragiliser l’écosystème existant ni heurter l’attachement populaire à la compétition.
Dans cette perspective, chez Palmares World et PalmaresSportOrganization, nous préconisons une CAN organisée tous les trois ans, celle-ci apparaît comme une option intermédiaire crédible et réaliste.
Une CAN tous les 3 ans permettrait d’installer progressivement une logique de rareté et de valorisation de l’événement, tout en laissant aux fédérations, aux États hôtes et aux partenaires économiques le temps nécessaire pour mieux préparer les infrastructures, structurer les offres commerciales et optimiser l’impact médiatique.
Sur le plan sportif, ce format réduirait la pression sur les joueurs et améliorerait la qualité de la compétition. Sur le plan économique, il renforcerait la valeur des droits, la lisibilité du calendrier et l’attractivité pour les sponsors. Sur le plan institutionnel enfin, il offrirait à la CAF un cadre de transition maîtrisé avant un éventuel passage à une CAN tous les quatre ans.
La CAN triennale pourrait ainsi jouer le rôle de pont stratégique, conciliant tradition africaine et exigences contemporaines, ambition continentale et durabilité économique.
Et puisqu'il n'y a pas que le football dans l'écosystème du sport, une CAN triennale ou quadriennale permettra à d'autres sports d'exister en audience et en influence.
Et c'est l'Afrique qui gagne.
Nasser Njoya I Humaniste I Entrepreneur I Publicitaire I Ouvrier du business sport I Palmares World I Casablanca-Maroc
Sandrine Mballa 






